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Baptême en eau douce

par | 4 mai 2012 | 1 commentaire

Étrange cette relation particulière que l’on a avec les bateaux. Le seul objet dont le lancement reprend les rituels baptismaux. Un bateau peut être béni, on le nomme, on peut lui sacrifier une bouteille de nectar champagnisé, on est ému lorsqu’il pénètre dans l’élément liquide pour la première fois, il s’anime et « prend » vie sur […]

Étrange cette relation particulière que l’on a avec les bateaux. Le seul objet dont le lancement reprend les rituels baptismaux. Un bateau peut être béni, on le nomme, on peut lui sacrifier une bouteille de nectar champagnisé, on est ému lorsqu’il pénètre dans l’élément liquide pour la première fois, il s’anime et « prend » vie sur l’eau, tandis que le largage de la dernière amarre rappelle furieusement la coupure d’un certain cordon…

Vous vous imaginez baptiser un vélo, une voiture ? Ridicule ! Mais un kayak alors ? Fut-il de mer…

« Bourriquet ! On a oublié le champagne ! »

Je savais bien qu’il manquait quelque chose. Bon, en même temps y’avait tellement de trucs à penser pour inaugurer nos deux premiers vrais kayaks pontés, que nos amis ne nous en tiendrons pas rigueur 🙂 Ces bateaux sont certes les archétypes de la simplicité, la vraie comme dans KISS : « Keep It Stupid Simple« , il y a néanmoins toute une liste d’accessoires indispensables et superflus, que notre inexpérience ne nous permet pas de réunir machinalement, comme on remplirait notre sac pour une rando VTT.

Pour les aspirants à la navigation côtière que nous sommes, le choix du lac de St Cassien pourrait paraître incongru, mais la dépression ancrée dans le golfe de Gênes depuis plusieurs jours a dicté sa loi. Et quand s’installe un noroît de 25 à 35 nœuds avec rafales, les vagues prennent le pli, et les conditions méditerranéennes sont alors tout sauf accueillantes, surtout pour le baptême d’un frêle esquif. Alors qu’un lac aux dimensions raisonnables ne permet pas au vent d’y lever un fort clapot, c’est déjà ça de gagné.

Susie avant la mise à l'eau de nos 2 nouveaux bateaux

Navigation en forêt

Les premiers coups de pagaie sont timides, d’autant plus que nous nous retrouvons enfermés, par opposition aux « sit on top » du début, le torse bordé d’une « jupe » en néoprène que l’on découvre aussi comme tout le reste. Le vent fort n’aide en rien, et Susie rend plusieurs fois visite aux roseaux et à la berge, avec un esquif qui n’en fait qu’à sa tête.

« Sort ta dérive ! » lui dis-je. « Le dé-quoi ? »

Zut ! Je m’aperçois que je ne lui ai rien expliqué de toutes les subtilités de son nouveau bateau… Un vrai apprentissage sur le tas ! Hum ça ne va pas être facile… Mais une fois la rive d’en face péniblement atteinte, le vent filtré par la forêt se fait moins agressif, la tension retombe, on peut enfin ressentir et apprécier les nouveautés, sans stress.

Tout le reste ne sera que découvertes et émerveillement. On apprivoise très vite nos kayaks tout en remontant un bras du lac sur quatre kilomètres face au vent. A part quelques bateaux d’aviron à l’entraînement, notre petit groupe de cinq bateaux sommes les seuls sur l’eau verte.

Les très hautes eaux de la retenue nous permettent de remonter en profondeur dans les terres, d’observer le bal des hérons cendrés, ou des rapaces tournoyants, dans une nature en plein éveil et à l’abri du vent. Les arbres et buissons ont les pieds dans l’eau : après ses « dessous« , l’Estérel nous dévoile sa mangrove !

Nous découvrons à chaque sortie l’extrême polyvalence de ces kayaks de mer. Nous voici naviguant dans un espace que nous pensions réservé à nos randonnées VTT : la forêt ! C’est donc pique-nique cul dans l’herbe que nous partageons paresseusement, avant d’embarquer à nouveau pour retrouver le bras principal du lac, non sans avoir préparé méticuleusement nos voiles Bic spoon (ou Flip Flap) pour le retour pleine bille au portant.

Susie et son Easky 15 LV en forêt

Vent arrière

Une fois regroupés, nous lâchons tous notre petite voile auto-portante qui nous ramènera d’une traite, malgré les chicanes, à notre point de départ.

Dans les rafales soutenues, la voile oscille et vibre, et des moustaches apparaissent autour de l’étrave, sans pour autant compromettre la stabilité de l’ensemble. On est loin des vitesses atteintes en funboard ou en catamaran, car nous sommes et restons de simples engins à pagaies et l’accessoire n’est qu’une voile d’appoint, mais les pointes à 12 km/h sur eau plate et sans effort suffisent largement à combler nos sensations de glisse !

Baptême pleinement réussi, nous sommes parés pour l’eau salée cette fois-ci ! Quant au compte-rendu d’essai approfondi des deux bateaux, il faudra encore attendre les sorties suivantes 😉

Parcours

Photos

Les photos d’Aurore

Merci à Aurore pour cette très belle série « souvenir » 😉