Pour peu que la condition physique soit au rendez-vous, l’été ouvre grand la porte aux sorties VDM d’envergure, de celles qui bousculent un peu les chiffres habituels, en altitude comme en dénivelés, en distance comme en temps, en technique comme en engagement.

Des sorties plus compliquées à organiser car souvent liées à une logistique d’arrivée la veille sur le spot, un topo forcément moins connu, une couverture météo nécessairement solide, et l’assurance que chaque participant possède les pré-requis physiques et techniques pour aborder sereinement les difficultés potentielles du parcours.

Lacs dans la brume
C’est sur ces bases que Claude, alias « Z’easyrider« , a proposé sur le forum 1001sentiers, un parcours en altitude dans le massif frontalier entre Haute Ubaye et Val Maïra, au départ du col de Larche. Un programme inspiré d’un topo VTTour avec les cols de Roburent (2502m), de la Gipière de l’Orrenaye (2482m), des Monges (2542m), et du Sautron (2685m).

Ont répondu présents avec Claude :  Sophie, Banana, Yan, Shostag, Max, Jem, et Bourriquet votre serviteur, ce qui consiste déjà un succès compte tenu des chiffres annoncés : +1940m et -2120m (grâce à la petite navette entre Larche et le col) pour 35km, qui seront finalement portés à +2120m et -2340m avec les imprévus, le tout enveloppé avec un bon 800m de portage…

Couverture de survie météo obligatoire

Comme expliqué en introduction, au même titre qu’une traversée exposée en voilier, ou une rando à skis, l’incontournable couverture météo conditionne pas mal les choses. Ces derniers jours étaient en effet abonnés à une activité orageuse plus ou moins dense et  localisée, mais réglée comme du papier à musique, avec ses gros « cunimb » en forme d’enclumes qui bourgeonnaient dans l’après-midi avant de dégorger plus ou moins violemment en grêle ou en trombes d’eau sur les massifs.

Et quand on est dans le portage du Sautron, comment dire… Y’a plus vraiment moyen de reculer ! Il faut basculer de l’autre côté coute que coute, même s’il pleut la foudre sur la roche humide…

La stabilisation de la situation la veille permettait donc un peu plus de décontraction sur ce plan, même si la brume épaisse du col de Larche faisait encore douter un instant Shostag et Claude, a qui je jetais en réponse à leurs interrogations « juste de simples brumes matinales… du style la Turbie en plein été » 😉 Et puis au moins, il ne faisait pas trop chaud !

Anecdotes de rando

  • Shostag préfère définitivement le confort d’un gîte, tandis que Sophie et Max se satisfont de la simple voute étoilée. Quant aux fameuses tentes 2 (ou 3) secondes, elles occupent un temps plus ou moins conséquent à être repliées correctement.
  • Huit gus et huit vélos répartis sur deux voitures pour la courte navette, c’est possible.
  • L’Orgue des Fées, une installation artistique et onirique à la musicalité sombre.
  • Pour notre part, tous les randonneurs rencontrés, qu’ils soient français ou italiens étaient aimables et/ou admiratifs. Certains voulaient même en savoir plus sur le matériel et la technique nécessaire pour ce type de pratique (avec pour réponse invariable : « ah, ok, c’est pas pour nous alors » 🙂 ).
  • On aurait pu se dire que c’était raté pour les photos cartes postales et les dioramas sur fond bleu Technicolor, pourtant ces brumes évanescentes nous offrirons la plus belle lumière qui soit, avec parfois même un sentiment d’aube des temps, lorsque les plans sombres et lumineux se superposent ou s’inversent, que la paroi se masque en libérant les sommets, ou vice et versa.
  • La deuxième partie de la descente sur le lac Visaisa puis sur Saretto est un vrai challenge technique. D’abord en blocs et amas de cailloux instables, puis en pure glisse et trajectoires fuyantes lorsque la terre revient, nos mains et nos bras s’en souviennent encore.
  • Mille mètres positifs pour rejoindre le col du Sautron, dont les deux tiers en poussage/portage, avec un final en forme de mur, c’est vraiment le gros morceau de la sortie ! On s’est un peu réparti la tâche pour la pauvre Banana qui n’avait plus beaucoup de jus à cet instant, mais la joie de franchir l’obstacle reste toujours la plus forte. A noter le point d’eau bienvenu avant les premières épingles de la piste militaire.
  • Tous les bergers ne sont pas obtus et agressifs, certains font même du VTT. C’était le cas du jeune en face sud du col du Sautron. Comme le sentier passait au milieu de son troupeau, à moins que ce ne soit le contraire, il nous a fait une démo de rabattage par sifflements modulés, à plusieurs centaines de mètres du dit troupeau. Vraiment bluffant ! En plus des conseils sur la descente à venir et l’attitude à prendre en cas de confrontation avec un patou mécontent !
  • La remontée de Pré la Font pour passer au-dessus de la forêt domaniale de Larche et son PR recommandé dans les topos était aussi imprévue que pénible, mais le final en épingles écoles tracées au cordeau sous les mélèzes valait largement cet effort.
  • Et c’est quand on redescend sur la côte qu’on se rend compte combien la fraicheur alpine est un vrai bonheur en cette période !

L’album photos

A voir aussi :